Sécurité aérienne : les graves défaillances reprochées à Air Antilles

La DGAC a suspendu le certificat de transport aérien d’Air Antilles, clouant les avions au sol et plongeant la compagnie dans une zone de fortes turbulences, entre exigences de sécurité, réorganisation interne et controverses juridiques.

La DGAC suspend le certificat d’Air Antilles

Air Antilles est contrainte d’interrompre l’ensemble de ses opérations aériennes depuis ce debut de semaine, à la suite d’une décision de la Direction générale de l’Aviation civile (DGAC). L’autorité pointe des « défaillances très significatives » dans les processus de sécurité de la compagnie, issues d’un audit réalisé du 2 au 4 décembre 2025.
Cette suspension du Certificat de Transport Aérien (CTA) entraîne automatiquement celle de la licence d’exploitation, empêchant Air Antilles non seulement de voler, mais aussi de vendre des billets.

Selon la DGAC, les dysfonctionnements constatés compromettent la capacité de la compagnie à assurer la sécurité de ses passagers et de son personnel. Air Antilles dispose désormais d’un délai d’un mois pour mettre en œuvre les actions correctives exigées.

La compagnie assure que la sécurité des vols n’a pas été menacée

Dans un communiqué, la direction d’Air Antilles insiste sur le fait que les constats de la DGAC n’affectent « aucunement la sécurité immédiate des vols ». L’entreprise parle d’une « suspension administrative temporaire » et affirme que ses équipes restent mobilisées pour permettre une reprise rapide et durable de ses opérations.

Durant cette période, elle assure mettre en place les solutions réglementaires pour accompagner les passagers touchés. En pratique, beaucoup devraient être réorientés vers Air Caraïbes, sous réserve de disponibilité des sièges.

Un site bloqué et des réservations impossibles

Depuis plusieurs jours, il est impossible d’acheter un billet sur le site internet d’Air Antilles : toutes les ventes sont suspendues. Cette indisponibilité tombe en pleine haute saison touristique et renforce les inquiétudes des usagers comme des professionnels.

De nombreuses entreprises, notamment dans les îles du Nord, avaient acheté des carnets de tickets ou des billets d’avance pour assurer les déplacements de leurs salariés. Aujourd’hui, elles se retrouvent dans l’incapacité d’utiliser ces titres de transport, générant retards, surcoûts et réorganisation forcée de leur activité.

Des difficultés commerciales qui durent depuis un an

Relancée en 2024 après la liquidation de sa société mère, Air Antilles peine depuis à retrouver son niveau d’activité.
Malgré les 20 millions d’euros injectés par la Collectivité de Saint-Martin, la compagnie ne parvient pas à atteindre un taux de remplissage suffisant pour stabiliser son modèle économique.
Les retards, annulations et modifications de programme répétés ont fini par dégrader durablement son image auprès des voyageurs.
Ce déficit de crédibilité, perceptible depuis plusieurs mois, complique aujourd’hui encore davantage la gestion de la crise.

Pour beaucoup d’observateurs, le redressement de la nouvelle Air Antilles paraît mal engagé, d’autant que les difficultés internes s’ajoutent désormais aux obligations imposées par la DGAC.

Une restructuration en cours mais des difficultés persistantes

Air Antilles rappelle avoir engagé depuis plusieurs semaines une transformation de sa direction : renforcement de la gouvernance, restructuration interne, amélioration des processus documentaires et organisationnels.
Cette démarche, dit-elle, vise à répondre précisément aux exigences de la DSAC et à construire une compagnie plus robuste et performante.

Pourtant, le tableau d’ensemble demeure préoccupant. Depuis son redémarrage en 2024, la compagnie peine à atteindre sa vitesse de croisière : taux de remplissage faibles, finances fragilisées malgré l’investissement d’environ 20 millions d’euros de la Collectivité de Saint-Martin, son actionnaire majoritaire.

Des interrogations sur l’existence juridique de la société

À ces difficultés opérationnelles s’ajoutent désormais des controverses juridiques. Lors du dernier conseil territorial, des élus de l’opposition ont affirmé que la compagnie relancée sous le nom New Air Antilles ne correspondrait pas aux statuts déposés au tribunal de commerce.
Modifications non validées, valeur des actions modifiée, divergences dans l’offre de reprise… autant de points qui alimentent la suspicion.

Face à ces accusations, le président de la Collectivité, Louis Mussington, également président d’Air Antilles, a d’abord évoqué des « interprétations erronées » avant d’annoncer vouloir mener sa propre enquête. Quelques jours plus tard, la Collectivité a finalement assuré que tout était conforme.

Dans un contexte déjà fragilisé par la suspension du CTA, ces zones d’ombre ajoutent à l’inquiétude des salariés et des usagers.

Un avenir suspendu entre correctifs, finances et autorisation de vol

Air Antilles affirme que son plan de développement reste pleinement confirmé et qu’elle mettra en œuvre toutes les corrections demandées. La compagnie devra néanmoins convaincre :

  • la DGAC pour récupérer son certificat,
  • la Collectivité de Saint-Martin pour sécuriser ses financements,
  • et les passagers pour regagner leur confiance.

L’échéance est serrée : la licence d’exploitation arrivant à expiration au 31 janvier 2026, la survie même de la compagnie dépend d’un redressement rapide et d’un nouvel apport en capital.

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