L’histoire de l’Église catholique pourrait bien s’écrire en lettres capitales dans les jours à venir. Alors que le conclave destiné à élire le successeur du pape François débutera le 7 mai 2025 au Vatican, une question résonne avec force dans les esprits : l’Église est-elle prête à accueillir un pape noir ?
Une première depuis l’Antiquité ?
Si l’on en croit les historiens, trois papes d’origine africaine ont dirigé l’Église entre les Ier et Ve siècles (Victor Ier, Miltiade et Gélase Ier). Mais depuis plus de 1 500 ans, aucun pontife noir n’a été élu. Ce vide historique pourrait-il être comblé cette année ?

Fridolin Ambongo, le candidat qui change la donne
Archevêque de Kinshasa et figure incontournable de l’Église catholique en Afrique, le cardinal Fridolin Ambongo incarne une nouvelle voie : celle d’une Église engagée, enracinée dans les réalités sociales et proche des peuples.

Respecté pour sa droiture morale, sa défense des plus pauvres et sa voix forte face aux dérives politiques en RDC, il est membre influent du Conseil des cardinaux. Sa proximité avec le pape François est notoire, et sa capacité à faire le lien entre le Nord et le Sud fait de lui un papabile sérieux.
Chances estimées : 20 %
(Source : analyse croisée des favoris par plusieurs médias spécialisés)

Pourquoi un pape africain maintenant ?
- Une Église en mutation démographique : En 1900, l’Afrique représentait 1 % des catholiques. Aujourd’hui, c’est plus de 20 %. Et cette croissance est exponentielle.
- Un symbole fort : À l’heure où les crispations identitaires secouent le monde, élire un pape noir serait un message d’universalité, d’unité et de renouveau.
- Un profil apte à relever les défis : Le cardinal Ambongo connaît les enjeux du Sud global : pauvreté, migration, crise climatique, conflits. Il serait un porte-voix crédible pour une Église plus engagée.
Les freins possibles
Malgré ces atouts, des résistances persistent :
- Une forte majorité européenne parmi les électeurs du conclave.
- Des réticences encore présentes face à une vision moins occidentale de l’Église.
- Un jeu diplomatique complexe au sein de la curie romaine, peu favorable aux candidatures trop engagées politiquement.
Une attente mondiale
De nombreux fidèles africains, mais aussi issus de la diaspora, espèrent voir un pape qui leur ressemble, dans les valeurs autant que dans l’origine. Un pontife noir serait aussi un acte fort contre les relents de racisme et une réponse à l’appel du pape François à « aller vers les périphéries ».
Un pape noir n’est plus une utopie. Si Fridolin Ambongo est élu, ce serait bien plus qu’une victoire symbolique : ce serait un tournant historique, une affirmation que l’Église, dans toute sa diversité, peut être conduite par un homme issu d’un continent longtemps marginalisé dans les sphères du pouvoir religieux.
Le monde catholique retient son souffle. Et l’Afrique, cette fois, regarde Rome avec espoir.
Jean-Yves FRIXON