La liste noire des maires de Guadeloupe disparus mystérieusement avant la fin de leur mandat

Dans l’archipel de la Guadeloupe, composé de 32 communes, la disparition soudaine de Cédric Cornet, maire du Gosier, a rappelé à la population un phénomène troublant : ce n’est pas la première fois qu’un maire en fonction trouve la mort dans des circonstances mystérieuses ou tragiques. Cette récente perte a ravivé le souvenir d’une série d’événements similaires, marquant l’histoire politique locale d’une empreinte indélébile.

Face à ces disparitions qui sèment questions et émois au sein des communautés, la rédaction d’ETV a décidé de plonger au cœur de ces drames. Nous vous présentons un article, recensant et explorant les histoires des maires guadeloupéens dont les mandats ont été abruptement interrompus, révélant ainsi les défis et les risques souvent associés à la gestion des affaires publiques dans cette région des Antilles françaises.

Cédric Cornet

Cédric Cornet, maire du Gosier, a été retrouvé décédé le 21 mars 2024, à l’âge de 42 ans. Son corps a été découvert à son domicile, déjà en état de raideur cadavérique, ce qui indique que plusieurs heures s’étaient écoulées depuis son décès avant la découverte du corps. Malgré son passé controversé, notamment une condamnation en appel en 2019, il avait été élu maire en 2020. Une enquête a été ouverte par la procureure de la République de Pointe-à-Pitre pour déterminer les circonstances exactes de sa mort, incluant des examens supplémentaires et une autopsie.


Mathias Mathurin

Le 22 octobre 1991, Mathias Mathurin, maire de La Désirade, a été victime d’un assassinat brutal. Son corps a été retrouvé le lendemain, carbonisé et avec deux impacts de balle. La dernière fois qu’il avait été vu vivant, il quittait le domicile de sa maîtresse. Son véhicule a été stoppé par un barrage improvisé, où plusieurs assaillants armés l’ont attaqué. L’enquête a exploré plusieurs pistes, y compris des mobiles personnels et politiques, mais le crime reste non résolu.


Paul Mado

Moins de trois semaines après son élection, Paul Mado, maire de Baie-Mahault, est décédé d’un arrêt cardiaque le 19 avril 2001, à l’âge de 49 ans. Sa mort soudaine a laissé une profonde marque sur sa communauté, qui se souvient de lui comme d’un élu passionné et engagé pour sa ville.


Amédée Fengarol

Amédée Fengarol, éminent membre du Parti communiste guadeloupéen, est mort dans des circonstances mystérieuses le 11 janvier 1951, le jour même de son élection à la mairie de Pointe-à-Pitre. Il s’est effondré dans la rue, victime, selon certaines sources, d’un possible empoisonnement, bien que cette théorie ne soit pas officiellement confirmée. Les enquêtes n’ont jamais pu déterminer avec certitude les causes de sa mort ni identifier d’éventuels auteurs, laissant planer le doute sur un acte politique.

Amédée Fengarol est resté populaire auprès des Guadeloupéens, et de nombreuses rues, squares et écoles perpétuent sa mémoire. Il est le grand-père d’Harry Durimel, avocat et chef de file du parti des Verts en Guadeloupe, élu maire de Pointe-à-Pitre lors des élections de 2020


Laurent Bernier

Laurent Bernier, ancien maire de Saint-François, est décédé à l’âge de 53 ans après avoir lutté contre une maladie. Sa disparition a été ressentie comme une grande perte pour la communauté, tant pour son engagement politique que pour sa proximité avec les citoyens.


René-Serge Nabajoth

René-Serge Nabajoth, ayant servi les Abymes en tant que maire et conseiller général, est décédé en septembre 1995 en France Hexagonale. Peu de détails sont disponibles sur les circonstances exactes de sa mort, mais il est connu qu’il a succombé en France à une crise cardiaque.


Marie-Emile COCO

Marie-Emile COCO, ayant servi comme maire de Morne-à-l’Eau en Guadeloupe de 1971 à 1972, demeure une énigme dans le paysage politique de l’île. Son mandat, bien que court, a laissé une trace indélébile dans la mémoire collective, notamment en raison des circonstances nébuleuses entourant sa disparition soudaine.

Des bruits persistants, relayés par sa famille, évoquent la possibilité qu’il ait été empoisonné, une allégation qui, malgré l’absence de preuves concrètes, alimente le mystère et les spéculations. La réalité des faits concernant son départ prématuré reste inexplorée, plongeant ainsi sa brève période de gouvernance dans une zone d’ombre qui continue de susciter interrogation et fascination parmi ceux qui explorent l’histoire politique de Morne-à-l’Eau.


Jean-Claude Lombion

Jean Claude Lombion, maire apprécié de Morne-à-l’Eau, s’est éteint à l’âge de 65 ans à Paris le 05 avril 2016, des suites d’une longue maladie. Bien que sa maladie l’ait éloigné des fonctions quotidiennes, confiées à son premier adjoint, son amour pour l’éducation et son engagement politique de quatre décennies au sein du Parti communiste guadeloupéen restent des témoignages vivants de sa dévotion à Morne-à-l’Eau et à ses habitants.

Les disparitions et décès tragiques de maires en Guadeloupe, bien plus que de simples faits divers, interrogent profondément sur les enjeux et les risques associés à l’exercice du pouvoir local dans cet archipel paradisiaque. La fin soudaine de mandats, sous les coups de drames inattendus, soulève des questions essentielles sur la sécurité, la pression et les défis auxquels sont confrontés ceux qui choisissent de servir leur communauté.

Ces événements nous rappellent que derrière les titres de fonction et les responsabilités publiques se trouvent des individus, avec leurs vulnérabilités et leurs combats. Ils nous poussent à réfléchir sur la nature même de l’engagement politique en Guadeloupe et, plus largement, sur l’impact de la vie publique sur la vie personnelle des élus.

Alors que l’archipel continue de naviguer entre héritage historique et enjeux contemporains, ces disparitions soudaines et parfois mystérieuses demeurent des chapitres ouverts, invitant au souvenir, à la prudence et à une réflexion collective sur l’avenir de la politique locale. En hommage à ces figures disparues, peut-être est-il temps de repenser ensemble à la manière dont la société guadeloupéenne encadre et protège ses leaders, afin que servir l’intérêt public ne soit pas synonyme de sacrifice ultime.

Jean-Yves FRIXON

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